Flavescence dorée

Flavescence dorée : un protocole sécurisé d’inoculation met en évidence des sensibilités contrastées à cette maladie de quarantaine au sein du genre Vitis

Retenu comme fait marquant 2016 par le département BAP

Résumé

Comment étudier une maladie due à un phytoplasme transmis par un insecte à la vigne, alors que la réglementation sur la quarantaine oblige à l’arrachage immédiat? Nous avons développé un protocole mimant les conditions naturelles, mais en confinement. Des 30 cépages, porte-greffes et vignes sauvages étudiés, le Cabernet Sauvignon et le Sauvignon sont les plus sensibles. Les porte-greffes et leurs parents sauvages ne montrent pas de symptômes alors que le phytoplasme s’y multiplie. Le Merlot, avec un de ses parents, la Magdeleine Noire des Charentes, sont les plus résistants.

Contexte et enjeux

La Flavescence dorée (FD) de la vigne est une maladie déclarée de quarantaine en raison de son fort potentiel épidémique. Elle est causée par un phytoplasme circulant dans la sève et transmis par une cicadelle Scaphoideus titanus. Elle affecte actuellement les vignobles de dix pays européens et oblige à l’usage des insecticides contre la cicadelle vectrice (1). La propagation de la FD dépend du nombre de phytoplasmes dans les plantes sur lesquelles l’insecte va se nourrir et du nombre d’insectes vecteurs. Une stratégie possible pour contrôler la maladie serait de planter des vignes moins sensibles au phytoplasme FD. Néanmoins, en raison de l’arrachage obligatoire des plantes malades, les études de sensibilité variétale sont rares. Le protocole mis au point permet d’inoculer des vignes en serre de haut confinement et de mesurer leur capacité de résistance à la transmission par l’insecte, la diffusion du phytoplasme dans la plante, sa multiplication ainsi que le développement des symptômes.

Résultats

En collaboration avec J. Masson et M. Perrin de l’UMR SVQV de Colmar, un protocole de transmission du phytoplasme FD par son insecte vecteur naturel Scaphoideus titanus a été mis au point. Il utilise des plantes cultivées in vitro et un confinement en serre agréée pour inoculer des plants de vigne Vitis vinifera, des porte-greffes ou des vignes sauvages. Les mesures de taux d’infection, de multiplication du phytoplasme et des symptômes ressemblent à ce qui est observé en vignoble pour le Cabernet Sauvignon et le Merlot. Alors que le CS est très sensible, nous montrons que le Merlot est plus résistant à la FD. Le phytoplasme ne diffuse pas dans la plante, et au site de transmission par l’insecte, sa multiplication est 100 fois inférieure à celle observée chez le CS. Ce protocole a aussi permis de classer une trentaine de Vitis en fonction de leur niveau de sensibilité caractérisé par le nombre de plantes infectées et le titre en phytoplasmes (2-3-4). Chez les cépages, de faibles symptômes sont associés à un faible titre en phytoplasmes et à un faible nombre de plantes infectées. Cette association expliquerait la faible propagation de la maladie en vignoble. Ainsi, chez la Magdeleine Noire des Charentes, mère du Merlot, le phytoplasme se multiplie 1000 fois moins que dans le Cabernet Sauvignon et le Sauvignon. Chez les porte-greffes, les titres en phytoplasmes peuvent être élevés et pourtant, les plantes ne montrent pas ou peu de symptômes et ne sont pas éliminées par la surveillance règlementaire. Il y a donc un risque avéré de propagation dans les parcelles de production de porte-greffes, tout comme dans les porte-greffes ensauvagés présents aux abords des vignobles. Nos résultats chez le Merlot et ses parents, comme dans la collection étudiée, suggèrent que des traits génétiques distincts sont impliqués dans la capacité de résistance à la transmission par l’insecte, à la diffusion du phytoplasme, ainsi qu’à sa multiplication.

 Perspectives

Le contrôle des conditions de transmission de la FD permettra de comparer les réponses physiologiques et moléculaires des cépages à la FD. Nous devrions également pouvoir caractériser plus avant la diversité des réponses à la FD chez d’autres cépages, voire les clones des cépages, ou des descendants de croisements, à la recherche de vignes plus résistantes à la FD pour ainsi limiter l’usage des insecticides.

Valorisation

Ces résultats font l’objet d’une publication dans le journal Frontiers in Plant Science (2 - Eveillard, S., Jollard, C., Labroussaa, F., Khalil, D., Perrin, M., Desqué, D., Salar, P., Razan, F., Hévin, C., Bordenave, L., Foissac, X., Masson, JE., Malembic-Maher S. Contrasting susceptibilities to Flavescence dorée in Vitis vinifera, rootstocks and wild Vitis species. Frontiers in Plant Science. In press.).

Ils ont également été présentés aux scientifiques de la discipline (3) et aux acteurs de la lutte contre la Flavescence dorée aux niveaux national et international (3,4,5,6,7).

Références bibliographiques

(1) Chuche J, Thiéry D. 2014. Biology and ecology of the Flavescence dorée vector Scaphoideus titanus: a review. Agronomy for Sustainable Development, 34, 381–403.

(2) Eveillard, S., Jollard, C., Labroussaa, F., Khalil, D., Perrin, M., Desqué, D., Salar, P., Razan, F., Hévin, C., Bordenave, L., Foissac, X., Masson, JE., Malembic-Maher S. Contrasting susceptibilities to Flavescence dorée in Vitis vinifera, rootstocks and wild Vitis species. Frontiers in Plant Science. In press.

(3) Jagoueix-Eveillard, S., Labroussaa, F., Salar, P., Danet, J.-L., Hevin, C., Perrin, M., Masson, J., Foissac, X., Malembic-Maher, S. (2012). Looking for resistance to the Flavescence dorée disease among Vitis vinifera cultivars and other Vitis species. 17 Congress of the International Council for the study of Virus and virus-like Diseases of the Grapevine, Davis, USA, pp 234-235.

(4) Malembic-Maher, S. (2014). « La Flavescence dorée, aujourd'hui et demain. Journée d'information scientifique et technique ». 2014. https://www.canal-u.tv/video/universite_de_bordeaux/la_flavescence_doree_aujourd_hui_et_demain_ouverture_de_la_journee.14938. Villenave D’Ornon, ISVV. 26 Mai 2014.

(5) Malembic-Maher S., Khalil, D., Labroussaa, F., Bordenave, L., Hévin, C., Perrin, M., Masson, JE., Foissac, X., Eveillard, S. (2015). « Flavescence dorée, sensibilité du végétal : impact sur le développement de la maladie, l’expression des symptômes et la mortalité des ceps». Participation à la 12ème journée technique organisée par le CIVB (Comité Interprofessionnel des vins de Bordeaux), Février 2015.

(6) Jagoueix-Eveillard, S., Labroussaa, F., Salar, P., Danet, J.-L., Hevin, C., Perrin, M., Masson, J., Foissac, X., Malembic-Maher, S. (2015). Flavescenza dorata, sensibilità del materiale vegetale alla moltiplicazione del fitoplasmi: impatto sullo sviluppo della malattia e sull’espressione dei sintomi. Convegno Flavescenza dorata- Grinzane Cavour, Piemonte, Italy

(7) Jarausch, W., Angelini, E., Eveillard, S., Malembic-Maher, S. (2013). Management of fruit tree and grapevine phytoplasma diseases through genetic resistance. - New Perspectives in the Management of Phytoplasma Diseases, Barcelone. Phytopathogenic Mollicutes 3-1 : 16-24.

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 13 décembre 2018 | Rédaction : Inra Grand Est-Colmar